L’obsession et la médiumnité

Publié le par USFF

O

n entend souvent dire qu'il faut de tout pour faire un monde. Il est aisé de constater que la diversité est assez circonscrite sur le plan matériel, allant du plus pauvre au plus riche. Sur le plan moral, la palette semble présenter une variété beaucoup plus large allant du pire au meilleur. Sur la Terre, les hommes ne sont égaux ni en biens, ni en savoir, ni en sagesse ; quittant la Terre à l'échéance fatale, ils y laissent leurs biens, ne gardant que leur savoir (dans quelle mesure ?) et leur sagesse. Le monde des Esprits présente donc la même variété que celle que nous pouvons constater sur Terre ; il y a donc des Esprits relativement très supérieurs et d'autres très inférieurs, de très bons et de très mauvais, et, entre ces deux extrêmes, l'éventail très large des moins bons et des moins mauvais.

Il se trouve que par notre condition d'incarnés, nous sommes plus près des Esprits inférieurs que des supérieurs. Nous sommes constamment entourés d'Esprits invisibles à nos yeux corporels, nous environnant, nous influençant, avec d'autant plus de facilité que nous ne les voyons pas, que nous ignorons leurs actions. Par une affinité naturelle, les êtres bons attirent de bons Esprits et les êtres mauvais, de mauvais Esprits. Il en résulte que l'action des Esprits sur l'être humain lui est bénéfique ou préjudiciable selon la qualité des Esprits dont il subit l'influence.

Tout cela a été dit et redit, écrit et répété, dans la doctrine spirite divulguée par Allan Kardec, dans la plupart de ses livres que tous les spirites devraient connaître, dans les livres des auteurs spirites qui sont venus après lui. Il ne serait pas nécessaire d'en dire davantage : cependant, nous pouvons ajouter que sur le chapitre de l'influence spirituelle, bien peu de spirites soupçonnent la véritable action qu’exercent les Esprits sur leur comportement. L'indulgence pour soi-même étant une qualité généralement partagée, beaucoup d'entre nous pensent que « les mauvais Esprits » sont pour les autres, mais pas pour nous. Le terme mauvais étant pris dans son sens le plus large nous pouvons dire que nous sommes tous, à notre insu, plus ou moins bien accompagnés et subissons l'influence des Esprits depuis la simple influence morale, sans signes extérieurs sensibles jusqu'au trouble complet de l'organisme et des facultés mentales : les termes « obsession » et « possession » étant généralement réservés aux cas les plus extrêmes de l'emprise des mauvais Esprits. Les obsédés sont plus nombreux qu'on ne le pense, sans toujours présenter un caractère de gravité ; n'ayant pas un caractère apparent, l'obsession est souvent insoupçonnée. Elle devient sensible et visible chez les vicieux, les joueurs, les obsédés sexuels, les kleptomanes, les ivrognes, les drogués, les fanatiques en toutes choses et dans tous les domaines, chez ceux qui ne contrôlent pas leurs actes. A un degré plus avancé, l'influence des mauvais Esprits peut devenir physique et atteindre un caractère pathologique que la science soigne à sa façon : c’est ce que nous appelons la possession.

Le Spiritisme enseigne comment échapper aux influences pernicieuses des mauvais Esprits. Quiconque agit en toutes choses en vue du bien, chasse de son cœur l'égoïsme, l'orgueil, l'envie, la jalousie, la haine, met en pratique les maximes christiques, crée un lien sympathique avec les bons Esprits ; les mauvais Esprits s'éloignent de lui ; il échappe ainsi à la domination des Esprits inconscients ou vicieux.

La connaissance du Spiritisme, la lecture des livres spirites, la prière, la fréquentation des groupes spirites, ne suffisent pas pour mettre à l'abri des mauvaises influences de l'au-delà : seules l’adoption et l'application sérieuse de la morale christique, que l'on retrouve dans toutes les religions d'ailleurs et qui est la base de l'enseignement des Esprits-guides, peuvent nous préserver de la domination des Esprits arriérés.

Nous recommandons la lecture du livre L’obsession, extrait des Revues Spirites d'Allan Kardec, de 1858 à 1868. Les phénomènes de hantise, d’obsession et de possession qui y sont relatés sont toujours d’actualité car sur ce chapitre il n'y a pas grand chose de changé depuis que Jésus chassait les démons (nous dirions maintenant les mauvais Esprits).

La médiumnité étant la possibilité d'entrer en contact avec les habitants de l'espace, tous les êtres humains sont médiums,

puisqu'ils sont en contact avec le monde spirituel. Toutefois, dans l'usage ordinaire, le mot médium a une acception plus restreinte et se dit généralement des personnes douées d'une puissance médiatrice assez grande, soit pour produire des effets  physiques, soit pour transmettre la pensée des Esprits, par l’écriture ou par la parole.

Or, l'expérience permet d'avancer qu'au début du développement médiumnique, ce sont en général, car il y a des exceptions, des Esprits peu évolués qui se manifestent. Cela tient à deux raisons : d'une part, le médium débutant, ne connaissant la doctrine spirite qu’assez superficiellement, ne s'est pas suffisamment engagé dans la voie de la réforme morale et attire à son insu des Esprits de même élévation ; d’autre part, il est nécessaire que des Esprits moins évolués donc possédant des fluides plus grossiers, pouvant agir sur la matière ( le corps du médium)assouplissent les organes  de  retransmission de l'instrument (le corps du médium) qui, plus tard, permettront aux Esprits plus élevés de se communiquer.

Le médium parfait serait donc celui qui ne donnerait aucun accès aux mauvais Esprits par un travers quelconque ; cette condition est bien difficile à remplir mais si la perfection absolue n'est pas donnée à l'homme, il lui est toujours permis d'en approcher par ses efforts.

La médiumnité présente des écueils qui ne sont pas insurmontables. Ils sont connus et tout être de bonne volonté qui, comprenant le but véritable de la mission médiumnique, sait qu'il peut les surmonter ; aussi, les influences perturbatrices de ses débuts ne l'effraient pas. Au contraire, il redoublera d'ardeur pour s'élever sur le plan moral car il a l'exemple des autres médiums du Groupe qui l'ont précédé sur cette route et ne lui cachent pas leurs propres aventures de médiums débutants.

Voici à titre d'exemple, une communication d'un Esprit obsesseur ayant prise sur un jeune médium débutant. Il a conscience de son état ; il sait parfaitement bien qu'il est désincarné, mais il essaie de prolonger les sensations physiques qu'il éprouvait dans sa vie d'homme en obsédant un être humain et le poussant dans la voie du vice que lui-même avait suivie. Mais le jeune médium surmontera cet obstacle grâce à sa bonne volonté et à l'aide que lui apporteront les frères du Groupe.

 

COMMUNICATION SPIRITUELLE

 

C'est pénible et pourtant il faut passer par là sinon aucune chance de s'en sortir. La vie n'est rien. Là-bas, c'est autre chose, mais c'est fini et bien fini.

Mais toi que veux-tu ? Tu me regardes. Pauvre petit ! Tu ne sais pas, mais moi je sais ! Quoi, tu crois m'intimider ? Quelle erreur !  (Ceci s'adresse au président de séance)

 

A quoi penses-tu ? A moi ? Tu me connais ? C'est charmant ! Tu me regardes  et  tu  crois me connaître ? De mieux en mieux !

 

Je te vois et tu ne me vois pas ; parce que si tu me voyais eh bien, tu me dirais comment je suis, mais tu ne peux pas me le dire. Allons parle, je t'écoute ... Non ? Tu préfères te taire et me regarder ? C'est merveilleux !

Ce que je m'en fous, je m'en contrefous, comme dit  la chanson. Tu sais, moi j’ai vécu. L’existence ? Un fétu de paille. A présent je m’en fous de l’existence, je bois, je m’amuse, je fume, je… (Il n’a pas voulu dire le mot.) Je suis tout le temps avec lui. Il ne sait pas que je l’agace. S’il le savait, il me renverrait. Il est fort, remarquez. Il me regarde mais je me cache et il ne me voit pas.  Je l'écoute.  Il finira bien par m'avoir parce qu'avec toi à coté de lui, tu l’aides.  Au fond il est gentil, tu sais, ce pauvre type, mais ce qui m'agace,  c'est qu'il grandit de jour en jour et cela je ne le veux pas. Il aime trop DIEU et DIEU l'aime trop mais je ferai tout mon possible pour le posséder.  A moins que tu ne t'en mêles, parce que si tu t'en mêles, c’est foutu.

Ecoute, laisse-moi tranquille et ne me regarde pas. Tu me fais peur. Tu as ce qu'on appelle du fluide. Ah oui, je le sais bien, tu me  chasses. Tu es plus fort que moi, alors je m'en vais, mais dis-toi que je ne le lâcherai pas comme ça. Il est fort lui aussi. Je lui tendrai un piège, à moins que tu ne l'avertisses avant.

Je suis un pauvre type, je suis faible, je suis un d…  Je ne suis pas pour la lumière. La vie malgré tout, il faut l'aimer, sinon on perd son temps, son argent. Pour moi  les femmes c'était un passe-temps ; cela a été toute ma folie. Mon ambition était l'argent. Je haïssais le travail. Pour moi, la vie ne consistait qu'à fréquenter les boîtes  de   nuit,   les  femmes  nues ....

Je suis mort, tu sais comment ? C'était la nuit, je n'ai pu voir qui c'était ; je me suis senti faiblir, tout s'est obscurci, puis une lueur… Quelqu'un m'appelait, je n'ai pas répondu. Et me voilà ici. On me pousse à venir. Je suis venu avec lui mais il ne s'occupe pas de moi, c’est un égoïste. Mais je l'aurai ; je vais lui jouer un de ces tours, ma parole ; il va en perdre la tête. Il aime DIEU. Au fait qui est DIEU, veux-tu me le dire ? Tu préfères te taire et me regarder, comme si en me regardant tu allais me convaincre.

Je suis seul il est vrai  mais je suis venu avec lui. Il ne veut pas dire ce qu'il a fait parce qu’il a honte. Je sais bien, on lui pardonne. Il a confiance en l'avenir.  Il regarde trop là-bas. Le pauvre type, il m'effraie. Ce qu'il peut monter. Parfois Je suis obligé de le lâcher car cette lumière m'éblouit. Je ne peux pas ...  Il regarde tout droit  et on vient lui parler comme si quelque chose, quelque chose dont je ne puis définir la nature, venait vers lui.

Je vais le quitter parce qu'il est fatigué. Je voulais l'embêter mais il appelle trop souvent son guide, il appelle DIEU et ils viennent et ils me chassent. Je ne peux pas supporter ça : c’est… odieux…  Il ne veut pas le dire non plus.

 

Ici, je suis en tôle ; c'est même pire que la tôle.

Adieu, fais-lui une passe. Vous vous entendez bien tous les deux, n'est-ce pas ? Tu le sauveras, je le sais bien... Et je resterai seul sans lui. Ça m’agace. Aide-le va, ça lui fera plaisir.

 

 

B

ien souvent le médium butte d'entrée sur un obstacle, un obstacle d'autant plus dangereux qu'il ne se l'avoue pas ; c'est l'orgueil. Car l'orgueil lui donne cette croyance aveugle dans la supériorité des Esprits qui s'attachent à lui. L'orgueil se développe souvent chez le médium à mesure que grandit sa faculté. Les autres médiums le préviennent car ils ont la possibilité du contrôle d'identité et de la médiumnité. Malheureusement, si l'orgueil est trop profondément enraciné, le médium débutant préfère se retirer du Groupe plutôt que s'avouer son point faible. La première des qualités qu'il doit donc acquérir est l'humilité ; la seconde doit être la vigilance, la troisième, la persévérance pour suivre une route qui n'est pas précisément couverte de fleurs dans sa toute première partie. Après un certain cap, les obstacles disparaissent ; l'on se rend compte alors que les difficultés qui semblaient insurmontables n’étaient qu'un trompe l'œil ; elles ont eu ceci de profitable qu'elles aguerrissent  le médium dans sa force, sa volonté, sa conviction.

Nous vous prions de nous excuser de parler de notre propre expérience de médium débutant ; les avatars de la période primaire de notre médiumnité sont ceux que nous pouvons les mieux décrire pour en avoir subi les conséquences ; peut-être cela pourra-t-il encourager les néophytes à persévérer dans leurs premiers pas. Ma médiumnité a commencé au début de 1937 en une période assez critique ; la guerre d'Espagne avait débuté depuis quelques mois et nous subissions le contrecoup de cette catastrophe dans les travaux du Groupe ;  comme si l'atmosphère spirituelle de la planète s'enfonçait dans les ténèbres.

 

S'il appartient au médium de s'améliorer sur le plan moral ; le travail de développement de la sensibilité médiumnique est effectué par les Esprits-guides se servant d'aides spirituels, des Esprits moins évolués par une action sur le périsprit du médium pour libérer son psychisme et faciliter le contact des entités de l'Espace. Pendant cette période préliminaire, le médium a tout intérêt à être vigilant et à surveiller ses pensées et ses actes jusqu'à ce qu'il soit hors d'atteinte des Esprits arriérés. En ce qui me concerne, cette période a duré un an et demi à deux ans. Ce temps n'a pas été perdu car il m'a permis de bien connaître par mes sensations personnelles ce qu'est l'emprise des Esprits inconscients de l'Espace ; ce qui se traduit par un effet physique qui n'a rien d’hallucinatoire. Lorsque j'étais pris par une entité je sentais une douleur  assez vive autour de la tête à hauteur des tempes, comme si j'étais coiffé d'un chapeau étroit et lourd comme du plomb, un poids sur la nuque et parfois sur les épaules  ; ces impressions étaient plus ou moins fortes ; lorsqu'elles devenaient insupportables, lorsque je ne pouvais pas m'en débarrasser par une prière pour les Esprits obsesseurs    (dans le style des prières du livre  l'Evangile selon le Spiritisme d'Allan Kardec) ou la simple lecture d'un texte du même livre, j'allais voir le frère Botella qui voyait l'Esprit gêneur et m'en dégageait immédiatement.

Les premières sensations de ce genre furent senties à l'occasion de deux veillées funèbres ; le défunt s'accrochait à mon corps. Je dus m'abstenir d'assister à ces cérémonies.

Travaillant pour gagner ma subsistance dans une grosse maison commerciale, j'étais en contact professionnel avec beaucoup de monde et je récoltais pas mal de maux de tête pour lesquels les aspro ne sont d'aucune utilité. Je faisais donc un choix dans mes fréquentations et évitais le plus soigneusement possible les collègues accompagnés d’entités spirituelles de bas étage qu'ils me refilaient inévitablement à leur insu.

Puis je dus cesser la pratique du tennis, l'automatisme des gestes-devenant un peu trop envahissant dans mon comportement normal. Je cessai de fréquenter les salles de cinéma où les films dits d'action attirent les Esprits aux instintcts les plus bas. D'une manière générale, j'évitais les lieux où malheureusement les êtres humains se complaisent. J'évitais les discussions fanatiques et passionnées de politique ou autres sujets, qui créent une mauvaise ambiance.

J'expliquais mes ennuis au frère Botella qui riait et me répondait qu'il avait connu les mêmes ennuis. Un jour me dit-il, il faisait chaud et j'avais soif, j'entre dans la cuisine et me sers un grand verre d’eau. Au moment de le porter à la bouche, j'entends très distinctement ces mots : « il est bon ce petit vin blanc ». J'avais récolté un amateur de bistrot.

Voici  deux  exemples d'obsessions :

Un ami vient me voir et m'explique qu'une personne de sa connaissance, une femme charmante dans son comportement normal, au cours d'une crise de neurasthénie, s'est enfermée chez elle et s'est mise à boire d’une manière intempestive ; il me demande si je ne peux pas faire quelque chose pour elle car il soupçonne qu'elle est prise par une entité vicieuse. Je l’accompagne chez son amie et constate en quel état cette femme est tombée de la plus misérable façon. Je lui conseille de l’amener chez le médium guérisseur Botella qui lui enlèvera cette mauvaise influence. Je lui demande de venir me voir avec son amie après sa visite au médium.

Le lendemain, cette dame vient me voir, toute souriante, toute décontractée, elle me tend la main et à ce moment précis, je ressens un choc au visage, comme si on m'avait jeté un oreiller lourd à la figure.  Je comprends qu'elle vient de me passer cette entité qui la poussait à boire.  Je ne dis rien, entre à mon domicile, prends mon repas du soir et pour ne pas satisfaire les bas instincts de cet Esprit ivrogne, je ne bois rien, même pas un verre d'eau. Peine perdue, lorsque je me lève de table pour gagner ma chambre, je titube en allant d'un mur à l'autre du couloir, je tombe sur mon lit, la tête me tourne, les murs de la chambre donnent l'impression de chavirer. Je laisse faire un moment pour bien constater l'effet produit par cette entité puis j'appelle mon guide et fais une prière pour cet obsesseur qui part immédiatement. Je reprends possession de mes moyens normaux, tout content d'avoir pu débarrasser cette femme d'une pareille calamité.

 

Voici un autre exemple du même ordre :

Je rencontre une connaissance dans la rue, un homme d'affaires ;  nous échangeons quelques mots sur la santé, les affaires, et nous nous quittons. A partir de ce moment un mal de tête lancinant commence à se faire sentir. Je sais qu'il m'a passé une mauvaise influence spirituelle. Mes efforts pour m’en débarrasser sont vains. Le troisième jour, le poids sur la tête et sur les tempes est si lourd que j'ai du mal à ouvrir les yeux. Je décide d'aller voir le frère Botella pour qu'il me débarrasse  de cette entité. En me dirigeant vers son domicile, je vois, d'assez loin, qu'il est en conversation avec précisément cet homme d'affaires qui m’a passé son accompagnateur. L'homme est parti lorsque j'arrive. Nous nous mettons à bavarder, le médium et moi, de la santé, du travail, du temps, de toutes sortes de choses ; mais je vois qu'à son premier regard il a vu celui qui m'obsède. Il fait semblant de suivre ma conversation car il ne veut pas me faire de la peine en me disant ce qu'il voit : son regard devient sans expression dirigé vers mon front et ses lèvres bougent imperceptiblement car il est en train de refouler le perturbateur par une injonction ou une prière. Je sens ce poids insoutenable se dégager de mon front, de ma nuque et des épaules. Je remercie le frère Botella en riant et lui sourit d'avoir été compris. Il me dit : « Celui que tu avais est reparti avec l’homme d'affaires ; il est retourné avec celui qui te l'a passé. Et avec le pouce, il me montre la direction de l'homme qui s'en va au loin, précisément celui qui m'avait communiqué cette entité perturbatrice.

Voici un exemple d'un autre ordre accompagné de possession :

Au cours de la nuit, je me réveille et constate que je ne puis bouger : mes bras sont au-dessus de ma tête, les jambes sont repliées et  je ne puis actionner mon corps que je sens joue contre joue, comme si j’étais couché en dehors de lui. Je pense que quelque entité a pris ma place pendant mon sommeil. J'attends un moment pour bien observer ce phénomène, j'appelle mon guide spirituel et fais une prière ; instantanément je réintègre mon habitacle corporel dont je prends possession normalement. Je trouve cette expérience très intéressante.

Je me rendors immédiatement et un moment après que je ne puis évaluer, la même expérience recommence ; même processus.

Je me rendors et une troisième fois le même phénomène se produit. Je pense : quel entêté, je vais être obligé de me lever pour qu'il perde ma trace, d'aller à la salle de bain pour me verser de l'eau sur la nuque. Après un moment, tout revient dans l'ordre. Je n'eus pas à recourir à cette extrémité.

 

Le frère Botella  riait  lorsque je lui racontais mes expériences. Il me contait les siennes, comme celle-ci :

Son gendre entrant dans la salle à manger voit le médium allongé sur  le sol, évanoui. Il bondit au téléphone pour appeler le médecin de famille, un brave homme de médecin militaire. Il revient au malade. Plus personne.  Pendant qu’il téléphonait, le frère Botella qui était en transe, pris par un Esprit errant, s’était réveillé, s’était levé et était sorti par la porte de derrière pour prendre l’air et échapper à l’emprise de l’entité perturbatrice sans savoir que son gendre appelait le médecin pendant ce temps. Ce dernier sourit en apprenant l'incident ; il devait connaître la question ; d'ailleurs nous le retrouverons au cours de prochaines causeries.

 

Lorsque je sortais du bureau, après mon travail, pour faire un peu d'exercice, je regagnais à pied mon domicile, soit une demi-heure de marche. J'avais constaté que parfois, à l'arrivée à mon domicile, je ne me souvenais plus très bien quel chemin j'avais pris, mon esprit étant occupé par des rêvasseries. En réalité c'est une influence spirituelle qui détourne votre attention et entretient dans votre pensée un film ou un roman d'idées dans une demi-inconscience. Le problème était donc de garder un contrôle constant de ses sens car le fait d'être dédoublé en pensée provoque une fatigue corporelle. Pour y pallier, il faut bien observer les incidents de la rue, il faut s'obliger à avoir la pensée présente à tout moment et à ne pas la laisser s'évader.

J'en viens maintenant à l'ultime expérience de cette période d’apprentissage médiumnique. Nos réunions spirites étant interdites par suite de la guerre, nous nous retrouvions quelques frères et sœurs au domicile de l'un d'entre nous, où nous parlions doctrine et spiritualité. Parmi les nouveaux venus, un couple exprima le désir de voir une planchette oui-ja et son fonctionnement. L'hôtesse sortit la planche, posa sa main sans résultat alors que quelques années auparavant la planchette fonctionnait normalement. Elle me proposa de m'y mettre ; cela dépassa toutes les espérances ; une force impétueuse promenait rapidement le bras dans tous les azimuts. Elle me demanda de prendre un crayon et j'écrivis le premier message d'une entité se disant mon guide. A partir de ce jour nous nous retrouvions tous les dimanches, dans ce groupe restreint. Ce fut le début d'une prise de possession de toutes les parties de mon corps ; expérience très intéressante par les sensations ressenties et les résultats obtenus.

La force spirituelle se manifestait en commençant au bas de la colonne vertébrale, montait lentement par à-coups jusqu'à la nuque (Le guide faisait allusion au serpent Kandulini cher aux hindouistes) puis l’insensibilisation se répandait dans tous les membres supérieurs, puis inférieurs, puis tout le corps sauf les yeux comme si toute ma personnalité consciente y était localisée. A ce moment, il me faisait faire des poses de gymnastique pendant de longs moments sans que je ressente la moindre fatigue. Je suppose que le guide prenait possession des centres moteurs : je ne puis en dire davantage car on ne donnait pas d'explications. Puis le guide agit, de la même manière sur l'organe de la vue. Il me disait de regarder un tableau fixé au mur et d'un seul coup, comme par un déclic, je ne voyais plus le tableau et je voyais la tapisserie uniformément unie comme si le tableau avait été enlevé.  Donc l'impression n'était pas due à une action d'annihilation du transfert de l’image, sur l'œil ou sur le nerf optique ; j'en ignore le processus. La même expérience était répétée avec la disparition d'objets divers posés sur la table et même de un ou deux doigts de la main posée sur une feuille blanche, alors que je voyais parfaitement les autres doigts. Puis le guide nous informa qu'il allait m'endormir. Il essaya au cours de plusieurs séances sans y parvenir. Alors, il me fit mettre debout au milieu du salon et les yeux clos me fit tourner sur moi-même comme une toupie, à la façon des derviches-tourneurs. Je ne savais plus où étaient le parquet et le plafond mais à hauteur des yeux clos j’avais toujours conscience de mon moi. Il me dirigea à mon insu vers un fauteuil pour me faire choir dedans mais étant tombé sur le bras du fauteuil je rebondis à l'extérieur et reprenais conscience de mon corps allongé sur le sol mais sans aucun mal. L'hôtesse effrayée ne voulut plus renouveler cette tentative. Elle eut l'idée de faire venir un médium (ou soi-disant tel) de sa connaissance pour me magnétiser ; ses passes n'eurent aucun effet sauf de me faire une tête lourde comme du plomb avec l'impression de grosseur énorme comme une citrouille.

Voyant qu'il n'y avait aucune issue, on fit venir le frère Botella que nous n’avions pas dérangé jusque là car il commençait à sentir les prémices de sa maladie et nous ne voulions pas le fatiguer. Dès que la séance débuta, l’entité qui se disait mon guide, n’écrivit que trois ou quatre mots et me quitta. Le médium voyant nous signala qu’il ne s’était pas retiré très loin car il l’apercevait  passant la tête de temps à autre par l'entrebâillement d'une porte en attendant que le médium parte pour me reprendre en mains, si l'on peut dire. Il le décrivit, un turban autour de la tête comme un hindou. Puis tombant en transe, le frère Botella pris par un des guides du Centre, nous félicita d'avoir continué le travail spirituel malgré les difficultés du moment ; il nous expliqua la nécessité de l'utilisation d'un Esprit inférieur pour la préparation à  la médiumnité ; puis termina par cette phrase symbolique : « Un bon ouvrier doit avoir de bons outils pour faire un bon travail. » Traduction : Les Esprits élevés pour faire leur travail spirituel doivent avoir un bon médium, d’où la nécessité pour ce dernier d’une amélioration constante sur le plan moral.

Cette séance n'était pas autre chose que ce que nous appelons un contrôle de médiumnité.

Evidemment, étant prévenu, je repoussais catégoriquement les sollicitations de cet Esprit errant et me mis sérieusement au travail de nettoyage moral ; ce qui dura quelques temps jusqu'à une autre expérience que je relaterai dans une autre causerie et qui fut le départ d'une médiumnité effective.

D'une manière générale, le mot obsession est employé dans un sens péjoratif car l'obsession par des Esprits inconscients est celle qui est le plus fréquemment constatée. Dans un sens plus large, nous disons que la médiumnité  est une évolution guidée par des Esprits instructeurs et bienveillant. C’est une porte ouverte à l'invisible. Le médium est entouré d'esprits protecteurs qui repoussent les mauvaises influences s'il sait se garder en état de pureté morale relative évidemment.

(Question 919 du Livre des Esprits d’Allan Kardec.

 

Jean Bazerque.


Publié dans L'article du mois

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